Offrir son attention
- franckblot
- 31 oct. 2024
- 3 min de lecture
Rachel Naomi Remen pionnière de la médecine intégrative partage dans son livre
"Kitchen Table Wisdom: Stories That Heal" (1996) des récits sur la guérison, la
compassion et la connexion humaine emprunts de son vécu personnel et
professionnel. Pour Remen, « la meilleure manière de se connecter à quelqu'un est
de l'écouter. Juste écouter. Peut-être que ce dont nous avons le plus besoin, c'est de quelqu'un qui nous écoute vraiment, sans essayer de nous réparer. »
C’est ici tout le sens de la résilience comme chemin d’équilibre entre soi et autrui.
Souvent évoquée dans le contexte des soins et de l’accompagnement social, la
résilience est la capacité de se relever après des situations de stress intense ou
d’adversité.

Ce concept est au cœur d’initiatives à l’instar du programme "Résilience" développé
par Karuna-Shechen, qui visent à soutenir les soignants, travailleurs sociaux et aidants souvent exposés à une détresse empathique chronique.
En 2020, la pandémie de COVID-19 a attiré l’attention sur la nécessité d’outils
concrets pour soutenir les professionnels de santé qui souffrent d’un état de stress
chronique. La surexposition aux souffrances est un des principaux risques dans les
métiers du soin. La détresse empathique peut mener à une insensibilité ou à une
fatigue émotionnelle profonde, voire au retrait professionnel.
Une première version de ce programme a vu le jour, en collaboration avec Mindfulness Solidaire, et a donné lieu à plus de 40 programmes au sein d'associations et d'hôpitaux. Les premiers bénéficiaires du projet ont été les travailleurs sociaux du Samu Social de Paris.
Depuis 2024, le nouveau programme "Résilience - Alliance altruiste" propose un parcours d’ateliers, réparti sur six semaines, conçu pour renforcer la résilience émotionnelle et mentale des participants, mais aussi pour renforcer la résilience collective en développant une culture d'authenticité et d'entraide.
Chaque atelier s’appuie sur les pratiques issues des sciences contemplatives, en
particulier la pleine conscience. Elles aident au développement durable d’une pleine présence à soi-même, à autrui. Elles ont également montré leur efficacité dans l’amélioration de la gestion des émotions, et favorisent des comportements plus altruistes.
C’est en ce sens que le programme Résilience propose des ateliers où la méditation laïque et les cercles de parole offrent aux participants un espace sécurisé pour explorer leurs émotions, se ressourcer et partager leurs expériences. Ils y apprennent à utiliser la communication non violente, à pratiquer l’écoute active. À trouver le délicat mais non moins fondamental équilibre entre empathie et protection émotionnelle : l’auto-compassion. En prenant soin de soi, on devient plus apte à prendre soin des autres de manière durable.
Un des aspects novateurs de ce programme est sa dimension collective. En
travaillant avec des groupes au sein d’organisations, "Résilience" ne se contente pas
de renforcer les capacités individuelles, mais s’intéresse également à la résilience
organisationnelle.
Les cercles de parole sont, par exemple, des espaces qui permettent de partager les expériences de travail en groupe. Ils favorisent la compréhension mutuelle et la
cohésion et contribuent donc à un environnement de travail serein et bienveillant.
Cette approche contribue à instaurer un environnement de travail plus serein et plus propice à la coopération.

En encourageant les professionnels à cultiver des comportements bienveillants
envers eux-mêmes et envers les autres, le programme Résilience ne vise pas
seulement à éduquer sur le prendre soin des aidants, mais aussi à créer un
changement dans la manière dont les organisations fonctionnent.
La résilience ne se limite pas à un simple mécanisme de survie face au stress, elle
est un véritable outil de transformation de l’individu et du collectif, capable de nourrir une culture de bienveillance et de coopération au sein de chacun et des
organisations qui en ont le plus besoin.
Léonore Battistella